Albert Saint-Martin

Entre militance et coopération

Militant ouvrier d’avant-garde et socialiste libertaire de la première heure, Albert Saint-Martin marque le Québec par son engagement communautaire. Tôt dans sa vie, il prend ses distances de l’Église catholique et de la religion. Il adopte alors une position fermement laïciste. Entre 1899 et 1904, il fonde le Parti ouvrier indépendant et le Parti ouvrier de Montréal. Il participe, en 1906, à l’organisation de la première manifestation du 1er mai, fête des Travailleurs, à Montréal. Comme plusieurs socialistes de son époque, il défend le régime soviétique et dénonce le militarisme.

Parallèlement à ses activités politiques, Albert Saint-Martin se consacre à la mise sur pied de coopératives et d’organismes communautaires. De 1907 à 1915, il fonde notamment des comptoirs alimentaires, la Commune rurale, le Comité des sans-travail et l’Association humanitaire. Durant la Première Guerre mondiale, il prend part aux manifestations contre la conscription.

En 1925, Albert Saint-Martin fonde l’Université ouvrière à Montréal. Cet établissement d’enseignement aura une influence considérable dans les milieux populaires. L’université offre des cours, des conférences et des débats ainsi que l’accès à une bibliothèque aux ouvriers. Les sujets abordés sont aussi divers que l’histoire, la littérature, la politique, la  religion et le féminisme. Dans les années 1930, les positions politiques et idéologiques d’Albert Saint-Martin lui valent de nombreuses critiques et poursuites. En 1933, il est inculpé pour la publication de pamphlets jugés blasphématoires. L’Université ouvrière est également prise à partie, elle fait l’objet d’attaques et de pressions médiatiques. L’institution est finalement contrainte de fermer ses portes en 1935, en raison d’une loi spéciale du gouvernement provincial.

Le Réseau et les Éditions Albert Saint-Martin ont adopté le nom de cet homme au parcours atypique. Ces organisations contribuent ainsi à maintenir vivant son souvenir et à reconnaître son apport à l’éducation populaire et au milieu communautaire québécois.

Revue Vox Populi, couverture, vol. 1, no 1, 23 décembre 1905.

Collection nationale, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, PER V-84 CON.

Lancé en 1906 par Gustav Francq, le journal Vox populi, est l’organe officieux du Parti ouvrier de Montréal. Il disparaît peu après et est remplacé en 1908 par l’Ouvrier dirigé par Gustav Francq et Albert Saint-Martin.