Joseph Venne, vers 1914. Photographie : Notman.
Collection Michel Venne, Écomusée du fier monde.

Joseph Venne

L’architecture comme lieu de progrès social

Joseph Venne naît en 1858, rue Montcalm, en plein cœur de Sainte-Marie, à Montréal. Il demeurera dans le quartier toute sa vie. Fils d’un ouvrier du bâtiment, il s’engage dans une carrière d’architecte alors que la ville connaît une accélération de son développement. De nombreux bâtiments témoignent  de l’activité intense de Joseph Venne. Plusieurs de ses réalisations se situent dans le quartier Centre-Sud et ses environs : le Monument-National, l’église Sacré-Cœur-de-Jésus et son presbytère, les écoles Gédéon-Ouimet, Saint-Eusèbe et Salaberry…

L’apport de Joseph Venne à l’architecture et à sa communauté est notable. Au plan technique, il se préoccupe des questions de sécurité. C’est dans son propre quartier qu’il érige la première école à l’épreuve du feu : l’école Salaberry (aujourd’hui le Comité social Centre-Sud), construite en 1908 au coin des rues Robin et Beaudry. Toujours dans un souci de l’amélioration des bâtiments montréalais, il contribue en 1911 à une commission qui vise à revoir les standards de qualité et de sécurité de la construction ainsi que les normes de salubrité à Montréal. Cette commission donne naissance à l’élaboration du premier code du bâtiment de la Ville de Montréal.

Tout au long de sa carrière, Joseph Venne se fait un devoir de promouvoir sa profession et de faire progresser l’architecture. Actif au sein de sa communauté professionnelle, il participe, en 1890, à la fondation de l’Association des architectes de la province de Québec, qui deviendra l’Ordre des architectes du Québec. Dans un souci d’éducation populaire, il dispense une série de cours publics au Monument-National de 1895 à 1900. L’enseignement est destiné aux ouvriers, mais attire également des étudiants.

Architecte à la fois pédagogue et engagé, Joseph Venne compte parmi ces personnes qui ne se contentent pas simplement d’exercer leur profession, mais qui se dédient à la collectivité. Animé d’une vision, il a su mettre à contribution son expertise et a apporté des solutions novatrices aux problèmes de son temps.

 

École Salaberry, première école en béton armé construite pour la Commission des écoles catholiques de Montréal, vers 1908. Photographie: L. E. Archambault.

Écomusée du fier monde, fonds Joseph Venne.

En 1907, l’incendie mortel de l’école Hochelaga School ne laisse pas Joseph Venne indifférent. Il réagit dans les médias, mais surtout pose des actions concrètes. Alors chargé de réaliser les plans d’une nouvelle école, l’architecte dessine le premier établissement incombustible en béton armé de la Commission des écoles catholiques de Montréal. Il contribue ainsi à assurer la sécurité de la population.

 

Académie du Sacré-Cœur/ école Plessis, vue après les modifications de 1930, vers 1930. Photographie, impression carte postale: anonyme.

Archives des Frères des écoles chrétiennes.

L’école Plessis est l’une des réalisations de Joseph Venne qui se trouvent dans le quartier Centre-Sud de Montréal. 

 

 

« Tous ces réseaux ont permis à Venne d’être au cœur des progrès et des débats de son temps. Architecte actif et engagé, il est à l’image même de la réussite.  […] sa carrière permet d’apprécier l’heureuse mission d’un architecte : bâtir, non pas seulement des immeubles, mais des projets qui animent la société qu’il habite. »

Jacques Lachapelle

Professeur agrégé, École d’architecture de l’Université de Montréal.