Marie Lacoste-Gérin-Lajoie (1867-1945), 1928
Archives de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal.

Marie Lacoste-Gérin-Lajoie

Emblème du mouvement féministe

Marie Lacoste vient au monde dans une famille de la bourgeoisie francophone de Montréal. Elle est la sœur de Justine Lacoste, fondatrice de l’Hôpital Sainte-Justine. Après ses études au Couvent Hochelaga, elle s’intéresse à la condition juridique des femmes au Québec. Cependant, à la fin du 19siècle, les études universitaires sont réservées aux hommes. Pour s’instruire, elle fréquente la bibliothèque juridique de son père et celle de son mari, Henri Gérin-Lajoie. Tous deux sont avocats et lui serviront de guides dans ses études autodidactes.

Marie Lacoste-Gérin-Lajoie participe, en 1893, à la fondation du Montreal Local Concil of Women (MLCW) qui vise l’amélioration des conditions de vie des femmes et des enfants ainsi que l’émancipation juridique des femmes au Canada. En 1902, elle rédige le Traité de droit usuel, un ouvrage de vulgarisation du droit civil et constitutionnel, et fait de l’éducation populaire l’un des moyens privilégiés de la lutte des femmes.

En 1907, elle se dissocie du MLCW pour fonder, avec Caroline Béïque, la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB), le premier organisme féminin d’action sociale catholique canadien-français. Marie Lacoste-Gérin-Lajoie y occupe le poste de secrétaire entre 1907 et 1913 et celui de présidente de 1913 à 1933. La FNSJB joue un rôle déterminant dans les débuts du mouvement féministe québécois et la lutte pour l’obtention du droit de vote des femmes au Québec, acquis en 1940. Tout d’abord installée dans des locaux du Monument-National, la Fédération logera dans une maison située au coin des rues Sherbrooke et Saint-André, à partir de 1925.

Marie Lacoste-Gérin-Lajoie crée, en 1922, le Comité provincial pour le suffrage féminin (CPSF) qu’elle sera forcée de quitter quelques mois plus tard en raison de pressions du clergé. Elle poursuit néanmoins ses interventions sociales et participe activement à la Commission Dorion sur le droit civique des femmes au Québec, en 1930. Conséquemment à cette commission, la femme mariée québécoise obtient, entre autres, le libre droit de disposer de son salaire. Il faudra attendre 1940 pour que les Québécoises obtiennent le droit de vote. Décédée en 1945, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie aura tout juste le temps d’être témoin de ce gain significatif pour lequel elle s’est battue.

Télégramme adressé à Wilfrid Laurier, Marie Gérin-Lajoie, 11 septembre 1917.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Centre d’archives de Montréal, Collection Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal, P783,S2,SS5.

La Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste présentée à la une du journal La Presse, samedi 2 avril 1921.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Centre d’archives de Montréal, Collection Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal, P783,S2,SS5.

Caricature de Marie Gérin-Lajoie, auteur inconnu, 26 février 1922.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Centre d’archives de Montréal, Collection Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal, P783,S2,SS5.

L’opposition à laquelle doivent faire face les militantes du mouvement féministe de l’époque ne provient pas que des hommes ou des milieux conservateurs. Cette lettre anonyme adressée à Marie Lacoste-Gérin-Lajoie montre que des femmes, elles-mêmes, s’objectent farouchement aux revendications féministes.

 « Si vous aviez comme moi une nombreuse famille, vous comprendriez qu’il reste bien peu de temps pour faire du féminisme. […] Réfléchissez, madame et revenez à des idées plus saines. » – Antisuffragette anonyme

Traité de droit usuel, couverture, 1922.

Archives de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal.

Ce manuel de vulgarisation juridique est réédité deux fois, traduit en anglais, utilisé dans les institutions d’enseignement et recommandé dans les bibliothèques scolaires à l’époque. Le Traité de droit usuel devient une référence pour les militantes qui luttent pour l’amélioration de la situation juridique des femmes.

 

« Que toutes les femmes sentent donc qu’elles sont indispensables les unes aux autres; […] que les femmes éveillent en leur conscience le sens de la responsabilité sociale. »

Marie Lacoste-Gérin-Lajoie